Le Tavignanu en kayak pour les élèves de l’école de Travu


Corse Matin du samedi 14 mai 2022 par Patrick Bonin


Les gestes deviennent de plus en plus sûrs et sur l’eau les trajectoires s’affinent. Certains d’entre eux n’avaient jamais fait de kayak ou de canoë et le sourire qui éclaire leurs visages en dit long sur le plaisir qu’ils ressentent. Il faut dire que ce stage de quatre à cinq jours destiné aux élèves de CM1-CM2 de l’école primaire de Travu s’annonce sous les meilleurs auspices. Le beau temps est au rendez-vous et la remontée tout comme la descente du Tavignanu vont permettre aux enfants de découvrir bon nombre d’espèces végétales et animales peuplant les berges du fleuve, un site remarquable classé Natura 2000. Marc et Valérie Tiberi, tous deux instituteurs, ont entrepris cette démarche pédagogique dans le but de développer chez les élèves une culture citoyenne, écologique et sportive.

Mais avant de pouvoir remonter, tels des Robinson Crusoé, les flots plutôt tranquilles du Tavignanu, les élèves ont dû passer leur ASNS, une attestation du savoir nager en sécurité délivrée par Michèle Peuchot, maître nageur sauveteur. Un document incontournable pour pouvoir effectuer les activités nautiques proposées au cours du stage.

Malgré un léger courant qui s’oppose à l’avancée des embarcations, la petite armada colorée et bruyante navigue vers l’ouest et les montagnes parées pour peu de temps encore de neige. Les pagaies effleurent la surface de l’eau et propulsent les kayaks et canoës vers de nouvelles aventures. Pas de bruit de moteur qui pourrait affoler les espèces comme ces guêpiers d’Europe aux couleurs bigarrées récemment arrivés d’Afrique. Un peu plus loin, se hissant difficilement sur la berge, une tortue cistude se faufile tranquillement entre roseaux et fougères pour gagner la ripisylve. « C’est quoi Madame, la ripisylve ? », questionne un jeune garçon. « Un groupement de végétaux composé principalement d’arbres en bord de rivière qui contribue à protéger les berges », répond la maîtresse.

Dans le respect de l’environnement

Le clapotis des vaguelettes d’eau douce sur les coques se fait à nouveau entendre lorsque les embarcations, cette fois vers l’est, descendent le fleuve majestueux. Les efforts sont moins importants, le courant participant naturellement à la propulsion des frêles embarcations. En se rapprochant de la mer, la végétation se modifie. Les arbres laissent placent aux roseaux tandis que la proximité de l’embouchure modifiera la salinité de l’eau, accueillant alors une plus grande diversité de poissons.

Il est temps de rentrer pour le groupe animé. Dès l’accostage, Denis Gode fait effectuer aux élèves un dernier exercice : « Vous montez avec moi dans le canoé puis vous vous immergez en basculant en arrière et rejoignez la berge en nageant », explique le moniteur. Un par un, les élèves s’exécutent. Une fois les bateaux rangés, sur un fascicule proposé par le CPIE A Rinascita, les enfants restituent le fruit de leurs observations et répondent aux questions posées. Il s’agit de reconnaître a filetta, la fougère, u piobbu, le peuplier ou encore l’alzu, l’aulne et de relier les images aux lieux où les espèces végétales ont été observées.

Ce stage est rendu possible par la municipalité qui fournit les transports et par l’amicale laïque des écoles du Travu qui soutient financièrement l’initiative. Il permet aux enfants de découvrir les richesses naturelles d’un fleuve qui, plus que jamais, mérite le respect.