Ventiseri

Émouvant tournage d’un clip hommage à Danielle Casanova


Corse Matin du mardi 25 janvier 2022 par Isabelle Volpajola


Émouvant tournage d’un clip hommage à Danielle Casanova
Trois chanteuses. Un guitariste. Une comédienne. Un texte fort. Une équipe technique réduite mais hyper-motivée. Des décors naturels. Et des conditions météo exceptionnelles. Il aura suffi de 48 heures au trio féminin Isulatine pour tourner le clip de sa chanson hommage à Danielle Casanova, A Lettera di Lella. L’espace d’un week-end, le village de Ventiseri a prêté son cadreà cette séquence de tournage, sous la conduitedu réalisateurFernando de Azevedo. Assisté par Valérie Giovanni, ce véritable homme-orchestre a dirigé tout ce petit monde de main de maître. Avec une énergie et un enthousiasme communicatifs, faisant également preuve d’une grande bienveillance à l’égard de chacune et de chacun. À partir du texte de cette chanson, signée Paulu Santu Parigi, parolier historique du groupe et par ailleurs sénateur de la Corse, chacun a joué sa partition. Rompues à la scène mais pas habituées à être mises en scène, Élisabeth Volpei-Parigi, Maryline Girard-Pietrucci et Laure Degiovanni se sont prêtées au jeu enchaînant les prises de vues avec beaucoup de sérieux et de concentration. Choisie pour interpréter Danielle Casanova, en raison de sa ressemblance frappante avec la résistante, Faustine Giovanni, pour qui c’était une première expérience devant la caméra, mérite une mention spéciale. La jeune ostéopathe n’a en effet guère été ménagée. Elle a notamment dû apprendre à écrire au porte-plume, plonger la tête dans l’eau glacée de la fontaine ou encore marcher dans le maquis en longue et légère robe noire.

De la bonne humeur et de vraies larmes

Émouvant tournage d’un clip hommage à Danielle Casanova
Des premières heures du jour à la tombée de la nuit, personne n’a ménagé ses forces. Après les séances de maquillage, assurées à l’aube par Julie Moretti, les séquences se sont succédé dans la bonne humeur. Il y a eu aussi de grands moments d’émotion et de vraies larmes pour évoquer une des dernières tranches de vie de Lella, écrivant à sa mère depuis le camp de concentration d’Auschwitz où elle devait décéder du typhus au printemps 1943. Ce clip est né de la volonté du groupe Isulatine de rappeler sa mémoire par des images après l’avoir fait par des mots. Il est aussi le fruit d’une histoire d’amitié et presque de famille, née de la collaboration artistique entre les chanteuses et Valérie Giovanni, plasticienne qui a fait le lien avec le réalisateur, qu’elle connaît depuis l’adolescence.

Sortie prévue à la mi-mars

Le choix de Ventiseri comme lieu de tournage s’est imposé de lui-même puisque c’est ici que les Giovanni vivent et accueillent famille et amis.

« Pour moi, ça ne pouvait être nulle part ailleurs, insiste Valérie, qui remercie au passage le maire et la municipalité. Nous avons eu des conditions de travail exceptionnelles et même si ces deux jours ont été épuisants, ça a été une super expérience artistique et humaine. » Les images mises en boîte, le travail n’est pas terminé pour autant pour Fernando De Azevedo. La phase de montage va maintenant débuter et on espère une sortie du clip au plus tard à la mi-mars. A lettera di Lella, version filmée, sera disponible à partir de cette date sur les différents réseaux sociaux. D’ici-là, les chanteuses d’Isulatine et leur guitariste Jimmy Ronchi, qui a également participé au tournage, remonteront sur scène. Nul doute qu’au moment d’interpréter leur chanson et de rappeler la mémoire de Danielle Casanova, elles auront aussi des images plein la tête.

A lettera di Lella, du groupe Isulatine

Émouvant tournage d’un clip hommage à Danielle Casanova
Voici le texte de la chanson A lettera di Lella, un des titres phares de l’album Tesse, le dernier du groupe Isulatine, sorti en janvier 2020. Les paroles, comme celles de la plupart des chansons du groupe depuis l’origine, sont signées Paulu Santu Parigi :

L’umanu da quì pare toccu da u demoniu, u male pichja sempre nantu a listessa pena ; si viotanu di sangue di l’esse ogni vena, o mà sè tù sapes-si da qui quantu ti sonniu. È senza una sentenza, hè sulcata la sorte, si viaghja à u stafile nan-tu à i dinnochji, à u cumandu furiosu, si calanu l’occhji, o mà sè tu sentessi quantu chjocca a morte À u fretu murtale di issu gatti-vu inguernu, scrivia in quaranta trè Perini Vincentella, e stonde spiumbate d’une grande ribella, in una lettera à mamma venendu da l’infernu.

Rivecu u Vestale è a piccula marina, e calanche rosse scialbate da u sole, è a mo zitellina chi versu tè corre, o mà sé tù sapessei quantu mi si vicina. Sentu pianu pianu chi a mo forza si spenghje, si lagna una donna, lamenta una zitella, ti manda u s’amore è un basgiucciu Lella, o mà sè tu sentessi quantu u mo core pienghje.