Ce matin, les équipes d’EDF reprendront leurs investigations interrompues samedi en fin d’après-midi. Depuis jeudi soir, le village de Ventiseri est alimenté en électricité via deux groupes électrogènes de 160 kW chacun. Après avoir été totalement privé de courant pendant plus de 18 heures. La situation, la plupart des abonnés l’ont découverte à leur réveil. La panne a été signalée au service EDF dépannage jeudi vers six heures du matin, mais elle serait intervenue environ cinq heures plus tôt. Dans la matinée, on annonçait d’abord un retour à la normale pour 11 heures. Puis pour 13 heures. Avant de ne plus donner d’horaires, le service signalant simplement que les techniciens étaient sur place et « s’efforçaient de rétablir le courant dans les meilleurs délais ». Les techniciens étaient là, effectivement, et en nombre. Et en début d’après-midi, certains signalaient déjà aux habitants qui les questionnaient que ça risquait « d’être encore long ». Long, ça l’était déjà. Et d’autant plus que dans certains quartiers du village, on était également privé d’eau. De réseau téléphonique mobile aussi pour les abonnés SFR. De 4G et même parfois de 3G pour ceux de l’opérateur Orange.
Deux coupures de plus de 15 heures en 45 jours
« C’est inadmissible au XXIe siècle de se retrouver autant d’heures sans électricité et de surcroît sans eau. On a l’impression de revenir au Moyen Âge ! », tempête Anne Medori. Sa voisine, Véronique Micheli, approuve. Et surenchérit. « Dès qu’il y a de l’orage, du vent, de la pluie, on n’a plus rien. Le 4 octobre, on s’est déjà retrouvé sans courant pendant près de 20 heures. Et là, ça recommence. On a vraiment l’impression d’être des laissés pour compte ! » Par rapport à l’épisode actuel, la question qu’elle se pose, comme d’autres habitants du village, est celle de la réactivité d’EDF. Puisqu’on savait, dès le début de l’après-midi, que la réparation allait être longue - et elle le fut puisqu’elle est toujours en cours -, pourquoi avoir attendu la nuit pour acheminer les fameux groupes électrogènes ? La question mérite d’être posée. Thérèse Moracchini vivait au village avant l’arrivée de l’électricité. Elle aussi s’interroge. « Des pannes, il y en a toujours eu, c’est vrai. Mais depuis quelque temps, on a l’impression qu’elles sont plus fréquentes et surtout plus longues. Aujourd’hui, on a été réalimenté par des groupes électrogènes. Mais on n’a toujours ni internet, ni radio, ni télé, ni téléphone. Bienvenue en 1900 ! Vive Gutenberg ! », analyse-t-elle avec humour mais sans masquer son incompréhension.
Dur de vivre et travailler au village
Comme les habitants de Sari la semaine dernière, privés de réseau Orange pendant près de trois semaines, ceux de Ventiseri regrettent d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. Voire pas considérés du tout. La volonté de revitaliser le monde rural, dont tout le monde se fait le porte-parole, n’est pas forcément suivie d’effets sur le terrain. « Quand Ajaccio est privé de courant pendant trois heures, ça fait la une des journaux ! Nous, on a l’impression que tout le monde s’en fiche ! », s’insurgent les villageois. À l’heure de la préconisation du télétravail, de la dématérialisation des démarches administratives, du développement des outils numériques, vivre et travailler au et du village reste bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Pierre-Antoine Giovanni est ostéopathe. Si son cabinet est à Travu, c’est à Ventiseri qu’il habite. Sans téléphone, il est impossible pour lui de maintenir le contact avec ses patients. « Cette journée de jeudi, franchement, a été très pénalisante au plan professionnel. Mais aussi au niveau familial. Ma fille a un bébé et ce n’est vraiment pas évident de se retrouver plusieurs heures sans électricité et sans chauffage. Ce qui m’inquiète, comme les autres, c’est la récurrence et la durée de ces coupures. » Si personne ne remet en cause le travail et l’investissement des agents EDF sur le terrain, chacun ici espère que cet épisode n’est pas la conséquence d’un réseau défaillant ou inadapté. On espère en tout cas ne plus avoir à souffrir de dysfonctionnements de ce type avant longtemps. Certains envisagent quand même de lancer une pétition et de la faire remonter jusqu’au fournisseur d’énergie historique.
Un incident sur le réseau souterrain selon le fournisseur d’énergie
Selon les services de communication d’EDF, l’incident qui a touché le village de Ventiseri était imprévisible. « Comme il est intervenu simultanément à un orage, les techniciens, arrivés sur site tôt le matin, ont cherché l’origine de la panne sur la partie aérienne du réseau. C’est pour cette raison que l’heure probable de rétablissement a été d’abord fixée en fin de matinée puis en début d’après-midi, explique Mario Capai, responsable de la communication et des relations externes à EDF. Ces investigations faites, il a fallu se rendre à l’évidence, c’est sur le réseau souterrain que l’incident s’était produit. Et, là, du coup, forcément, ça prend beaucoup plus de temps. Il a donc été décidé d’acheminer deux groupes électrogènes pour que le village puisse être alimenté. Nous sommes sincèrement désolés des désagréments causés à notre clientèle. » François Tiberi, maire de Ventiseri, a été tenu informé de l’avancée du dossier par les services d’EDF. Concernant la coupure d’eau qui a touché la plupart des quartiers du village, il précise qu’elle est la conséquence directe de l’interruption de l’alimentation électrique, les pompes ne pouvant plus fonctionner. Dès que les groupes électrogènes ont été mis en service, tout est revenu à la normale sur le réseau d’eau.